The nutcracker

30. 31 JANVIER + 1 FÉVRIER | 19H30

2 FÉVRIER | 16H

The nutcracker

Maria Kefirova

60 minutes

Depuis très longtemps, je sens un martèlement en moi, quelque chose qui cogne sur mes murs, les repoussant de l’intérieur. Ce n’est ni une parole, ni une émotion, ni une pensée – c’est Mike Tyson, ou Grace Jones, ou Mickey Rourke, ou quelqu’un d’autre.

La pièce The Nutcracker est l’expression de ce martèlement. Son, objets et corps exécuteront une série de dislocations et de réaménagements, se fondant les uns dans les autres dans un processus ou le son deviendra un corps et un interprète à part entière. Par ce travail je désire de partager un certain shift de présence et attention afin de révéler la présence de ce qui semble absent.

Concept, chorégraphie, son et performance : Maria Kefirova
Scénographie et mentor : Miguel Melgares
Assistants à la sonorisation : Guy Fortin, Chris Olsen, Csenge Kolozsvari
Direction technique et lumières : Paul Chambers
Oeil exterieur : kg Guttman
Conseillères artistiques et répétitrices : Florence Figols, Sarah Hanley

The knocking is constant from both sides and I am a closed door.
Who is knocking? I am knocking.
I am knocking on a closed door.
I am knocking on an open door.
Who is there? Nobody. Just me.

The Nutcracker est une réponse à « The Knocking » (une sorte d’appel qui m’a poussée vers la danse), en lien avec les 3 pratiques suivantes que j’ai mises au point.

— la notion de corps comme contenant de réalités multiples.

J’ai conçu un jeu qui me permet de jouer avec mes perceptions, mes états d’âme, mes souvenirs, mes gestes, et mes pensées dans le but de mesurer jusqu’à quel point ceux-ci me conditionnent, et d’observer ce qui existe en dehors de ma connaissance de moi-même. C’est un peu comme une partie de ping-pong avec soi-même : on renvoie la balle puis on la reçoit. L’excitation qui s’ensuit lorsque l’on passe à un autre état physique ou psychique et l’aliénation qui découle de la perte de ce qui est accessible naturellement engendre un sentiment libérateur. Pendant cette démarche de vidange de mon essence propre, une deuxième question apparaît : Jusqu’à quel point puis-je laisser ce qui existe à l’extérieur me pénétrer ? Pour y répondre, j’ai développé une deuxième pratique :

— j’ai fixé mon regard sur un point d’intérêt pour observer ce que je remarquerais. Ce que j’y ai découvert m’a fascinée : un endroit où convergent une multitude de réalités physiques, où naissent de nouvelles perceptions, de nouvelles sensations et de nouvelles idées, un endroit qui donne lieu à un dialogue dynamique entre la réalité au foyer et celle hors foyer.

Par exemple : disons que je vois une baleine dans l’océan Atlantique. Pour m’assurer une pratique authentique, je déplace mon regard du magnifique spectacle de la baleine vers la surface de l’eau juste à côté. Je concentre mon attention sur cet endroit pendant trois minutes. Au début, c’est difficile. Je dois accepter de lâcher prise et de laisser passer un moment exceptionnel, mais soudain tout devient magique ! De nouvelles nuances, de nouveaux sons, des traces d’eau accidentelles, le mouvement, la lumière, mon épaule gauche qui démange, la voix d’un enfant qui joue, un insecte qui passe dans mon champ de vision, la lourdeur de ma jambe gauche, un regret, l’acceptation et la curiosité de découvrir toutes ces choses qui nous entourent en tout temps. Pendant ce changement de foyer, les sons ambiants deviennent très présents.

J’ai alors compris que « the knocking » avait temporairement été transformé en son ambiant. Et c’est devenu le cœur d’une troisième pratique :

— infiltrer des sons dans des objets qui ne leur appartiennent pas.

Le résultat était semblable à celui du jeu de ping-pong décrit ci-haut. Au cours de cette collision entre la fonction associée à un objet donné et le nouveau son, la possibilité de devenir autre chose émerge et, par son intermédiaire, l’occasion de redéfinir sa propre spécificité. Ce travail avec le son m’a aidée à étendre mes recherches au-delà de mon propre corps.

Mon obsession récurrente du rapport entre l’intérieur et l’extérieur et l’entre-deux à la surface s’est transformée en un autre ajout : casser des noix. Elles sont devenues l’environnement physique qui m’enracine dans l’acte de toucher l’intérieur et l’extérieur simultanément.

Maria Kefirova
Née en Bulgarie, Maria Kefirova est établie à Montréal depuis 1992. Parallèlement à son travail d’interprète, elle développe sa propre pratique chorégraphique alliant danse, théâtre, performance et vidéo. Sa fascination pour la corrélation entre la réalité intérieure, la réalité extérieure et le corps comme surface entre les deux est au cœur de plusieurs de ses projets (The Nutcracker – 2013, Corps. Relations – 2010, Gold Meat – 2010, Why dogs are successful on stage? – 2011, Manifacturing Tears – 2009). Entre 2009 et 2012, Maria fait partie de DasArts, l’unique laboratoire de recherche et innovation des arts de la scène à Amsterdam. Dernièrement, elle a été artiste invitée au Département de danse contemporaine de l’Université Concordia. Elle voue une passion particulière aux angles morts et aux poupées russes.

Miguel Angel Melgares
His interdisciplinary work incorporates a broad range of media including performance, installation, films, photography and site-specific interventions. Melgares graduated from the sculpture department of the University of Granada, where also had developed a research project as a part of his doctoral studies: Languages and poetry in contemporary art. He has presented his works in numerous solo and group exhibitions nationally and internationally. Melgares projects have been awarded with prestigious grants, such as the Manuel Rivera Grant, AFK or Iniciarte. In Amsterdam, he has developed an intense activity, working as an art director, scenographer and light designer for several projects, amongst which, the remarkable Pleas(e)nter project, a collaboration work with Ash Bulayev, the scenographical and curating work on Gevoelige Oppervlakte and Foto Salon Baghdad, next to Latvian director Elina Cerpa,

Paul Chambers
Paul est un éclairagiste et artiste visuel, résidant à Montréal. Également directeur technique à Tangente, vitrine incontournable du monde de la danse contemporaine. Son intérêt et sa collaboration à de nouveaux projets ont toujours été une priorité pour Paul. Participant à diverses productions en tournée et collaborant à divers ateliers pédagogiques. Il a su développer autant son sens artistique que son rôle de mentor. Il se consacre actuellement à d’autres projets, comprenant des installations artistiques multidisciplinaire ainsi que différentes œuvres, impliquant différents artistes d’horizons et de disciplines variées, tel que la danse, la musique et les arts visuels.

Florence Figols
C’est après avoir flirté avec la chimie que Florence Figols embrasse la danse pour poursuivre “in vivo” ses expériences sur la matière qui nous anime. Chorégraphe et chercheure indépendante elle s’intéresse au champ relationnel, à la présence scénique via la sensorialité et à l’histoire inscrite dans nos corps. Récipendiaire de plusieurs bourses ses oeuvres sont présentées à Montréal, à Québec, en Ontario, à New-York et à Madrid. Sa pièce mute/sense veu/en silence créée à Tangente reçoit la mention Best Choreography 2006 par le Hour’s Best. Parmi ses récentes créations, on retrouve in-perfections – solo sans territoire – ainsi que l’installation chorégraphique Transparent Shift #1 présentée en dans le cadre de Quartiers Danses 2012 à la Fonderie Darling. Elle assiste plusieurs chorégraphes dans leur démarche créatrice et participe à des colloques internationaux (Montréal et Buenos Aires). Florence détient une maîtrise en danse de l’UQÀM, elle est chargée de cours à l’université Concordia.

Chris Olsen
Né à Montréal, Christian est active comme compositeur, batteur et concepteur sonore depuis huit ans. Après avoir complété son degré en musique éléctroacoustique et percussion, il a tourné en Europe et en amérique du nord comme batteur pendant trois ans. Depuis 2008, il se concentre surtout sur la composition / conception sonore et collabore souvent avec le studio créative Departement, ainsi que sur des films, pièces de danses et installations.

Sara Hanley
Sara Hanley évolue dans le milieu de la danse québécoise depuis une quinzaine d’années. D’abord impliquée comme interprète, elle élargit son champ d’intérêt à l’enseignement de la danse et des arts visuels. Ceci l’amène à se pencher plus précisément sur le dialogue entre art et communauté. Dans ce sens, elle participe au cours des dernières années à différents projets assumant le rôle de médiatrice culturelle. Elle exerce également le rôle de répétitrice/œil extérieur avec des chorégraphes indépendants, des étudiants au Baccalauréat et plus récemment avec la cie OVertigo. Formée comme interprète à l’école du Groupe de la Place Royale et aux Ateliers de Danse Moderne de Montréal, Sara développe une étroite collaboration avec la chorégraphe Dominique Porte et Deborah Dunn. Elle collabore également avec la Fondation Jean-Pierre Perreault, Maria Kefirova, Kondition Pluriel, Florence Figols et Marion Ballester. Lors de la saison 2013-14 elle participera aux cérations de Sarah Bild et de la cie. Trial and Eros.