Technologies contemplatives
Sarah Bronsard & Patrick Saint-Denis
Èbe
Èbe est né d’un désir de mettre en scène des phénomènes qui nous dépassent, nous imprègnent et nous orientent, au-delà de nos questionnements individuels. À partir des mouvements et des sons d’un choeur d’accordéons-robots – tels des poumons extra-humains – la pièce s’intéresse aux marées, dont la fluctuation incessante et vitale évoque une immense respiration. L’interprète synchronise ses mouvements aux instruments pour examiner la dimension communicative du souffle. Elle explore les craquements et les frottements produits par les accordéons, nourrie par les traces que la tradition du flamenco a laissées au plus profond de son corps. Une question métaphorique émerge : qu’est-il révélé lorsque la marée se retire ?
Chorégraphe et interprète Sarah Bronsard
Art audio et robotique Patrick Saint-Denis
Concepteur des éclairages Hugo Dalphond
Répétitrice Ginelle Chagnon
Conseillère artistique Myriam Allard
Sarah Bronsard est une chorégraphe et artiste basée à Montréal. Elle trouve son terrain le plus fertile en danse après un parcours en arts visuels et numériques. À travers diverses collaborations musicales, robotiques et chorégraphiques, elle développe des dialogues à partir de la danse flamenca où rythmique, intensité, contrastes, et codifications entrent en jeu. Dans ses créations, elle cherche l’invisible à voir et ce qui traverse le vivant sous des formes passagères. Ses projets récents – Ce qui émerge après (4kg) (présenté à Montréal, Bordeaux, Cardiff, Turin et Arnhem lors de la tournée internationale Dance Roads 2014), et En attendant le pick-up, une co-création avec la chorégraphe Nancy Gloutnez (2015) – ont été diffusés par Tangente et soutenus par le Studio 303, le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Québec. Elle poursuit actuellement une maîtrise en danse à l’UQÀM autour de l’interaction entre musicien et danseur sur scène.
Patrick Saint-Denis est un compositeur travaillant principalement en art sonore et en scénographie interactive. Ses œuvres vont de l’installation vidéo à la machinerie robotisée à grande échelle. Son travail est régulièrement présenté en concert, en exposition et en danse, tant à Montréal qu’à l’étranger. Il est chargé de cours en composition audiovisuelle et en lutherie numérique à l’Université de Montréal depuis 2010.
Èbe est une oeuvre collaborative développée autour d’une scénographie interactive, composée d’un choeur de cinq accordéons-robots qui interagissent avec la danse. Le projet est né d’un désir de mettre en scène des phénomènes qui nous dépassent, nous imprègnent et nous orientent, au-delà de nos questionnements individuels. À partir du mouvement des accordéons, l’univers référentiel de la pièce s’est développé autour du phénomène des marées : leur fluctuation incessante et vitale comme une respiration est devenue le point d’ancrage poétique qui nourrit le travail. Suivant la métaphore de ce qui se révèle lorsque l’eau se retire (« èbe » signifie marée descendante), nous explorons ce qui se trouve sous la surface de l’audible. La construction sonore de l’oeuvre explore donc tous les bruits produits par les accordéons, autres que les notes, pour révéler le souffle, les craquements et frottements qui sous-tendent le jeu instrumental robotisé. De même, nous explorons des sons qui ne sont pas habituellement mis de l’avant en flamenco. Le phénomène des marées se traduit également par un travail autour de la respiration des accordéons en syntonisation avec celle de la danseuse, le développement d’une gestuelle et de rythmes rappelant le flux et le reflux des marées, et une composition sonore nourrie de chants marins, de chants flamenco et de sons de bateaux détournés transposés aux accordéons. Le projet a bénéficié de résidences de création à Corps Chorus, au Studio 303 et au Département de danse de l’UQAM. Il a également été soutenu par le Conseil des Arts et des Lettres du Québec et les Jeunes Mécènes Investis pour les Arts.
Kim-Sanh Châu
Kaléidoscope
À mi-chemin entre danse et installation, Kaléidoscope vous propose un voyage sensoriel coloré où les corps dévoilent rêves enfouis et subconscient. Naviguant entre des positions géométriques, les danseuses dessinent une douce corporéité ouvrant à des imaginaires oniriques lointains. Vous glissez dans un univers brumeux et surréel à l’aide de lunettes kaléidoscopes. Celles-ci démultiplient les images que vous percevez et altèrent la coloration. Avec cette création, la chorégraphe matérialise et vous ouvre les portes de son univers synesthésique entre couleur, musique et émotion. Kaléidoscope est rose pâle, pourpre, avec des touches bleues persan et dorées. Les corps se reproduisent à l’infini. Puis disparaissent.
Chorégraphe Kim-Sanh Châu
Interprètes Ariane Dessaulles, Melina Stinson
Concepteurs sonores Chittakone Baccam, Michel F. Côté
Artiste vidéo Guillaume Vallée
Dramaturge Daina Ashbee
Éclairage Jon Cleveland
Interprètes passées Katherine Ng, Maud Llorente, Nhung Hungvo
Lunettes Future Eyes
Kim-Sanh Châu is a choreographer, dancer and curator based in Montréal, born in France and originally from Vietnam. Trained in dance at UQAM, she also holds a master’s degree in finance. Her choreographic research evolves around the conception of structures, exploring the corporeity that lays in their interstices. Her work has been presented at Quartiers Danses, MAI (Montréal, Arts Interculturels), Accès Asie, RAW Art Space (Malaysia) and Europe Meets Asia in Contemporary Dance, and programmed by the Goethe Institute (Vietnam). Her new creation, Kaléidoscope, benefited from residencies at OFFTA, Espace Marie Chouinard and LA SERRE – arts vivants. It will be presented at Tangente and Krossing-Over (Vietnam) in 2018. Châu is also very involved in screendance creation; she collaborates with Ray Lavers, Monique Romeiko, and Guillaume Vallée. Her collaborative works have benefited from residencies at PRIM, Vidéographe, VideoMovimiento, as well as Muong Studio; and have been presented in Canada, Germany, Italy, Colombia and Vietnam. In 2017, she receives support from the Conseil des arts et des lettres du Québec and LOJIQ for ORE, and is awarded Best Direction 2017 by Festival Quartiers Danses for Inner Smoke. Châu also curates a yearly screendance event at Studio 303.
Après un parcours en études théâtrales, Ariane Dessaulles complète sa spécialisation en chorégraphie en 2014 à l’UQÀM. En 2015, elle présente CONVENTUM au festival Zone Homa puis se consacre à la création de deux solos dont elle est aussi l’interprète – OUTSKIN (2015) et Struwwelpeter (Danses Buissonnières, Tangente 2016) – pour ensuite retourner au travail de groupe avec TOPO (ZH 2017). Parallèlement, elle poursuit sa formation comme interprète au moyen de classes quotidiennes et de stages. Elle y rencontre Catherine Gaudet, Manuel Roque, Guy Cools, Peter James, les techniques Axis Syllabus et Fighting Monkey. Ariane travaille comme interprète avec des chorégraphes comme Kim-Sanh Châu, Chloé Bourdages-Roy, Kim L. Rouchdy, Karine Théorêt et Lorenzo De Angelis. Depuis 2014, elle collabore avec la Fondation Jean-Pierre Perreault et y agit comme adjointe à la direction.
Hazy Montagne Mystique (Chittakone Baccam) a développé un univers sonore à partir de sons organiques (field recordings, manipulation de cassette, et amplification), sons analogues issus de synthétiseurs vintage/modulaires, et d’autres issus de pédales d’effets qu’il utilise tel quel ou qu’il traffique lui-même. Inspiré par une formation bruitiste et expérimentale, il crée un langage sonore singulier qu’il façonne à travers le bidouillage et l’amalgame de bruits uniques et inventés. Le résultat est une musique imagée qu’il perçoit comme des paysages sonores, des ambiances lunaires ou des sons méditatifs conçus pour la respiration sous l’eau. Il collabore avec plusieurs fugueurs expérimentaux issus de son collectif et plus étroitement avec Guillaume Vallée. Il construit des sons inspirés de son univers écrit en symboles pour faire voyager l’auditeur vers un rêve impossible et imaginaire. Il poursuit ses rêves avec des artistes qui ont la même vision.
Cinéaste expérimental, artiste vidéo et commissaire indépendant, Guillaume Vallée est diplômé de l’Université Concordia en cinéma d’animation et titulaire d’une maîtrise en Studio Arts – Film Production. Il s’intéresse à toutes formes alternatives de l’image en mouvement. Son travail fait usage de différentes techniques techno-artisanales en explorant la matérialité médiatique par des interventions directes, des manipulations optiques, et de la distorsion analogique dans le but de créer des oeuvres hybrides et élargies. Ses performances audiovisuelles ont été présentées dans une multitude de festivals (MUTEK, O.F.N.I., FICFA, WUFF…) et ses films et vidéos expérimentaux ont été présentés internationalement. Son court-métrage, Le bulbe tragique, a remporté Best Canadian Work au festival WNDX. Il est aussi co-fondateur & programmateur au Festival Ibrida*Pluri avec Sonya Stefan et Samuel Bobony. Vallée complète un doctorat en Études et pratiques des arts à l’UQAM.
Originaire de Calgary, en Alberta, Melina Stinson est une artiste du mouvement et une créatrice basée à Montréal. Diplômée de l’École de danse contemporaine en 2009, elle travaille et danse au Canada et à l’étranger pour plusieurs chorégraphes et compagnies, dont Bouge de Là, Carré des Lombes, Gabrielle Martin, Human Playground, Laura Kramer, Lost and Found, Manon Oligny et WooMeMyth. Cette année, elle créera et se produira à Montréal avec Catherine Lafleur, Dorian Nuskind-Oder, Kim Sanh Châu, Sarah-Eve Grant-Lefebvre, et avec le Theatre Junction à Montréal, Calgary et Bruxelles pour créer la troisième œuvre de leur trilogie SuperNova. Depuis 2012, Melina développe également une pratique personnelle centrée sur le corps créatif dans un contexte spontané et non productif. Elle forme depuis 2016 les étudiants de deuxième année à l’EDCM, où elle continue ainsi à découvrir les mystères et fascinants côtés de l’être humain créatif et physique.
Michel F. Côté s’active au sein de plusieurs ensembles ; en voici deux : Vulgarités, Quatuor Minéraliste. Il a réalisé une trentaine de disques ici et là, avec elle ou lui. Compositeur associé aux arts de la scène, il a collaboré à plus d’une centaine de créations. Il aime la danse et la danse l’aime. En compagnie de Catherine Tardif, il est codirecteur artistique de la compagnie de danse Et Marianne et Simon. Il aime écrire le mot danse : dans cette brève biographie, il aura réussi à l’écrire cinq fois. Il est également chroniqueur permanent à la revue esse. Danse encore.
En tant qu’artiste, j’ai toujours été sensible à la géométrie des corps. Ayant étudié en mathématiques, ce sujet a toujours teinté mon travail chorégraphique. Inspirée par des artistes qui m’ont beaucoup marquée et avec qui j’ai pu collaborer (Benoît Lachambre et Mary St-Amand Williamson, entre autres), mon rapport à la danse s’est redirigé vers une approche plus sensible du corps. Kaléidoscope cristallise ce cheminement.
Ma recherche sur la démultiplication a commencé en 2014 avec un travail utilisant de la vidéoprojection numérique. À partir de 2016, j’ai commencé à utiliser le tube kaléidoscopique, car je cherchais une interface physique et simple. J’ai choisi des lunettes kaléidoscope (conçues par Brent Paul Peason), un objet ancré dans la culture Rave / Electronic Dance Music, en ligne avec l’univers que je souhaitais développer. L’objet kaléidoscope revêt pour moi un intérêt visuel, expérientiel (le public choisi ce qu’il regarde) et politique (pourquoi démultiplier une danseuse visuellement plutôt que physiquement).
La chorégraphie a été créée avec les interprètes Nhung Hongvo (Dancenter, Vietnam), Katherine Ng, Ariane Dessaulles et Maud Llorente (La Serre / OFFTA), avec qui nous avons exploré les états de semi-sommeil et de rêve à la recherche d’une transposition corporelle de concepts surréalistes. L’idée est de créer un language corporel amenant le public à un état de contemplation avec la liberté de démultiplier ou non l’image, comme il l’entend.
Enfin, ce projet matérialise ma synesthésie entre musique, couleur et émotion. Je transpose dans notre réalité le fait que je visualise des couleurs en fonction d’une musique, que j’associe ensuite à une émotion. Kaléidosope est rose pâle, pourpre avec des touches bleues persan et dorées. C’est un univers surréel, planant et brumeux dans lequel on flotte, hors de toute réalité.