concerto de Charlie Prince et Olivia Tapiero, photo de Llamaryon
Spectacle

ÉDIFICE WILDER | ESPACE ORANGE

5 SEPTEMBRE 2024 - 19H30

6, 7 SEPTEMBRE 2024 - 19H

8 SEPTEMBRE 2024 - 16H

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Discussion avec les artistes le 6 septembre

60 minutes

Charlie Prince & Olivia Tapiero

concerto

Un corps flotte dans un paysage synthétique, sous un violoncelle pendu. Un concerto pour piano de Mozart ralentit jusqu’à se désintégrer. Des incantations s’insinuent, entre chant et chuchotement. Sur le mur, des traces génèrent les bruits caverneux d’un monde qui succombe à sa propre chute. Il n’y a pas de pianiste.

À la fois un concert éventré et une installation vivante, concerto découle d’une collaboration de longue durée entre l’écrivaine Olivia Tapiero et le chorégraphe Charlie Prince. Les deux artistes deviennent à la fois technicien·nes, performeur·ses et témoins. Leurs gestes se déplient dans un temps suspendu, ouvrant l’espace d’une méditation profonde sur le coût de la grâce et sur le deuil du monde.

Portrait de Charlie Prince, crédit photo Charlie Prince
Charlie Prince
Conception, musique et performance
Portrait de Olivia Tapiero, crédit photo Clara Houeix
Olivia Tapiero
Conception, musique et performance
Paul Chambers
Éclairages
Marilou Craft
Conseils dramaturgiques
Linda Rabin
Conseils au mouvement
Selim Mourad
Cinématographie
Sophie El Assaad
Conseils scénographiques
Susanna Hood
Coaching vocal

Soutien financier Conseil des arts du Canada, Charleroi Danse (Belgique)

Résidences Parbleux, Festival Caniches, MAI (Montréal, arts interculturels), La Villa Empain – Fondation Boghossian (Belgique)

Présenté à Beirut (2024)

En s’appuyant sur la musique comme point de départ, concerto propose un temps suspendu qui dialogue avec les codes austères et glorifiés de la musique classique. Dans ce concert-installation, nous interrogeons les frontières poreuses de nos pratiques respectives, l’écriture et la danse. Des sons, des phrases et des images jouent en boucle, ouvrent l’espace contemplatif dans lequel nous nous mouvons. 

En réfléchissant aux notions de trace et de résidu, nous avons exploré la désintégration de paysages sonores et synthétiques afin que se rencontrent des temporalités et des géographies effondrées. En poussant notre réflexion sur les contrepoints de l’histoire et des écologies, ainsi que sur les fondements coloniaux de la culture classique occidentale, nous avons ralenti notre musique et nos gestes, interrogé l’idée de virtuosité, et cherché à laisser émerger une expérience relationnelle de la création, de la destruction et du témoignage.

Charlie Prince (1991) est un artiste de danse et de performance Libanais. Ses intérêts sont enracinés dans l’intersection du corps politique et du corps poétique, et dans les nombreuses résonances profondes que cela peut rapporter. Son travail chorégraphique a été présenté dans plusieurs festivals et théâtres, dont ImPulsTanz, Dansmakers Amsterdam, Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, Vancouver International Dance Festival, Oktoberdans, Fabricca Europa et Beirut International Platform of Dance. Charlie est titulaire d’un baccalauréat en musique de l’Université McGill à Montréal avec une mineure en études religieuses et continue de s’engager en tant que compositeur dans sa pratique artistique. En 2023, il a été artiste en résidence à la Villa Empain à Bruxelles, où il a remporté le prix pour la danse et la performance décerné par la Fondation Boghossian en Belgique. Il a également été artiste apap (advancing performing arts project) 2020, soutenu par la Commission de la culture de l’Union européenne de 2017 à 2020.

Olivia Tapiero (1990) est écrivaine, traductrice et musicienne. Son œuvre changeante est traversée par une sensibilité à la désintégration, une méfiance envers les institutions et le nationalisme, et l’exploration d’un non-consentement à l’état du monde. Elle a notamment signé Les murs (Prix Robert-Cliche, Finaliste au Prix Senghor), Espaces (2012), Chairs (codirection, 2019) Phototaxie (2017) / Phototaxis (2021, finaliste aux Lambda Literary Awards), et Rien du tout (2021, finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général et au Grand Prix du livre de Montréal). Rédactrice en chef de la revue de création littéraire Moebius, elle contribue également par ses poèmes et ses essais, à diverses revues, comme Spirale, Estuaire, Lettres québécoises, tristesse et MUSCLE. Elle signe aussi des traductions d’auteurices contemporaines, dont Roxane Gay, Anne Boyer et Billy-Ray Belcourt. Elle cherche lentement à sortir du livre pour intégrer une pratique corporelle et musicale à son œuvre. Elle vit à Montréal.

Paul Chambers est diplômé du Cégep John Abbott, où il a étudié la conception d’éclairages et de costumes et la scénographie. Avant même de terminer ses études collégiales, en 2005, il a produit des conceptions d’éclairages et la scénographie pour plusieurs compagnies montréalaises indépendantes de théâtre, principalement de langue anglaise. De 2005 à 2007, il a travaillé à l’école FACE comme concepteur, technicien et instructeur et, dans la tradition de cette école, a créé des décors de scène remarquables pour les pièces de théâtre des élèves. C’est pour la première édition de l’événement populaire Piss in the Pool (2005), produit par Wants&Needs, que Paul a fait sa première marque dans la conception d’éclairages pour la danse. De 2008 à 2013, il a été directeur technique à Tangente, dont la mission est la présentation de spectacles en danse contemporaine. Durant cette période, il a entraîné 16 apprentis techniciens et, en tant que concepteur, il a collaboré à plusieurs productions en danse. L’enseignement dans le cadre d’ateliers a contribué largement à l’apprentissage de Paul comme artiste et mentor. Au Studio 303, il a dirigé chaque année un atelier en conception d’éclairages pour les artistes émergents, ce qu’il a aussi fait pour En Piste et le Quebec Drama Federation. En 2013, Paul et son collègue en éducation et en design David-Alexandre Chabot ont inauguré CHA, un collectif en design destiné à créer et à partager des projets avec des artistes de diverses disciplines. Le point commun des projets de CHA, c’est qu’ils cherchent à communiquer avec les gens, chacune des productions mettant le public au défi de se placer au centre de la proposition et d’en faire l’expérience de l’intérieur. Paul poursuit continuellement des études et recherches en arts visuels et en sculpture, traduisant sa passion pour l’éclairage dans des installations fixes ou en galerie.

Marilou Craft (elle) vit à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, où elle œuvre comme artiste, autrice, traductrice, éditrice, conférencière et conseillère dramaturgique. Elle est actuellement membre du comité de rédaction de la revue Estuaire et conseillère dramaturgique associée au Centre des auteurs dramatiques (CEAD). Sa pratique artistique s’ancre dans les marges qu’elle habite et qui l’habitent: située à la confluence de la poésie et des arts vivants, elle sonde les zones grises entre l’intime et le politique pour en incarner la porosité. Elle performe ses créations à la scène comme à la radio, en solo comme en collaboration avec des poètes et artistes d’improvisation musicale. Ses courtes formes ont entre autres été publiées aux éditions La Mèche (Cartographies II: Couronne Nord, 2017) et Triptyque (Troubles, nos ombres, 2023; Corps, 2018; Pauvreté, 2021), ainsi que dans les revues Mœbius et Liberté. Son engagement envers les personnes minorisées comporte nombre d’articles, essais, chroniques, conférences et prises de parole sur les enjeux de discrimination en milieu culturel. 

Linda Rabin intègre plus de 50 ans d’expérience en danse, enseignement, coaching et mise en scène à sa pratique. Pionnière de la danse au Canada, Linda a contribué à l’émergence de plusieurs générations de danseurᐧses au pays. En tant qu’enseignante d’éducation somatique, elle accompagne des artistes et des individus de tous les milieux dans un cheminement favorisant la réalisation de leur processus de création personnel, sur scène comme dans la vie quotidienne. Son désir d’intégrer un processus créatif et personnel à une formation en danse l’a inspiré à fonder, en 1981, avec sa collègue Candace Loubert, Les ateliers de danse moderne de Montréal (LADMMI). Depuis 2012, LADMMI porte le nom de l’École de danse contemporaine de Montréal et est une des écoles les plus réputées en danse contemporaine au Canada. Il y a 25 ans, Linda s’est orientée vers l’éducation somatique. Elle a étudié l’anatomie fonctionnelle et les schèmes du développement moteur de l’enfant avec Bonnie Bainbridge Cohen pour devenir praticienne en Body-Mind Centering®. Linda est membre fondatrice du Continuum Teachers Association, membre de la Body-Mind Centering Association, de l’International Somatic Movement Education and Therapy Association, du Regroupement pour l’éducation somatique et du Regroupement québécois de la danse. En 2019, elle est nommée Membre de l’Ordre du Canada pour «son implication soutenue en chorégraphie et son rôle clé en enseignement de la danse contemporaine auprès plusieurs générations de danseurs.» En 2020, elle est lauréate du Prix de la danse de Montréal, catégorie CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE. En 2022, elle obtient le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, Prix de la réalisation artistique en danse.

Selim Mourad est né à Beyrouth en 1987. Il a obtenu un baccalauréat et a complété deux maîtrises en réalisation et études cinématographiques à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Sa filmographie comporte des œuvres diverses: des courts documentaires autobiographiques comme A letter to my sister (2009) et A Trip to the Barbershop (2009), où il entame son exploration des dynamiques familiales; ainsi que des fictions de plus longue durée comme The demolition (2011) et X : la conception (2012), où la réalité se mêle à la fiction. Son premier long métrage documentaire, This Little Father Obsession (2016), a été présenté dans plusieurs festivals, dont Visions du Réel, et approfondit un regard queer porté sur les notions de procréation et de transmission. Il a également réalisé une trilogie axée sur le corps: Linceul (2018), Cortex (2019) et Agate Mousse (2020). Il vit présentement à Beyrouth, où il enseigne le cinéma tout en travaillant sur son prochain projet.

Sophie El Assaad est une artiste interdisciplinaire primée, aux racines libanaises et britanniques. Après avoir passé plus d’une décennie à Bahreïn, elle est maintenant basée à Montréal, travaillant dans le milieu du théâtre en tant que conceptrice, créatrice et aspirante metteuse en scène. Elle a fondé sa compagnie Théâtre Nuaj en 2015 et a produit et mis en scène son premier spectacle, intitulé VANITAS. Aujourd’hui, elle travaille à l’écriture et au développement de sa prochaine pièce, Black Balloon. La pratique individuelle de Sophie s’inspire d’artistes comme Ali Chahrour, Wajdi Mouawad, Dave St-Pierre et Sarah Kane; leur crudité et leur relation dans leur travail avec la vie et la mort évoquent ce que signifie être humain et la lutte que cela exige. En tant que créatrice ayant une formation en arts visuels, l’impact visuel de son travail est très important; il joue avec la juxtaposition de performances et de styles artistiques issus de diverses disciplines, fortement basés sur le mouvement et les imperfections. Actuellement, son travail se concentre sur le niveau croissant de désespoir qui prévaut chez les jeunes adultes confrontées au monde d’aujourd’hui et sur les risques d’une génération sans Dieu en quête d’un but. En utilisant le climat politique actuel dans la péninsule arabe, elle cherche à remettre en question les perspectives de l’Est et de l’Ouest, à enquêter sur la personne derrière le «terroriste» et à interroger le sens de l’humanité.