Programme double

Nina Willywonka Chati + Tia Ashley Kushniruk

ÉDIFICE WILDER | Espace Vert

 

2 mai 2026 - 19h

3 mai 2026 - 16h

4, 5 mai 2026 - 19h

 

Discussion avec les artistes le 4 mai

1re œuvre

Nina Willywonka Chati

Mon corps le sait

«Suis-je suis censée être là? Dans ce corps qui me semble parfois étranger, figé entre héritages et silences?» Avec ce solo de hip-hop et de popping, Willywonka interroge son identité, son appartenance et ce corps qui porte des mémoires invisibles. Entre contrôle et abandon, elle explore les tensions, les non-dits, les déformations et les renaissances d’une personne franco-algérienne en quête de légitimité. Mon corps le sait nous invite à habiter les silences, faire du manque de transmission un moteur de transformation. C’est une manière d’exister autrement, hors des assignations, en affirmant ses origines et le droit à la complexité.

30 minutes
Portrait de Nina Chati alias WillyWonka, photo d'Alicja Wojtczuk
Nina Willywonka Chati
Chorégraphie et interprétation
Portrait de Maucina Soné
Maucina Soné
Conception musicale
Portrait de Joanna Gourdin, photo de Maxime Côté
Joanna Gourdin
Costumes et scénographie
Portrait deJean-Pierre Mecdy alias Mystic Rootz, photo de Do Phan Hoi
Mecdy «Mystic Rootz» Jean-Pierre
Regard extérieur
Portrait d'Alexandra «Spicey» Landé
Alexandra «Spicey» Landé
Dramaturgie
Portrait de Tiffanie Boffa, photo de Robin Pineda-Gould
Tiffanie Boffa
Conception d'éclairage

Soutien financier La danse sur les routes du Québec

Résidences Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord, Patro Villeray, Espace Ouvert, Forward Movements, Académie de danse de Baie-Comeau

Nina Chati, alias Willywonka, est une danseuse et chorégraphe française ancrée dans le street dance depuis plus de 15 ans. Issue d’une famille franco-algérienne, elle découvre la danse par les fêtes familiales, à travers des formes traditionnelles non codifiées de l’Ouest algérien, puis par le hip-hop des clips des années 90-2000. Diplômée de la Juste Debout School (Paris, 2016), elle collabore avec Bruce Ykanji, Nasty, Princess Madoki et Mel Charlot, et danse pour des marques comme Lancôme, Sony ou Caval. En 2019, elle rejoint la compagnie hip-hop RedSauce, composée uniquement de femmes issues de la diversité culturelle. Installée à Montréal depuis 2022, elle y développe son premier solo, IN NA, autour des identités de genre (en tournée avec Futur Danse), puis crée Mon corps le sait, un solo sur les mémoires corporelles liées à l’immigration. Aujourd’hui, elle collabore en tant qu’interprète dans la pièce Créatura de la compagnie montréalaise Forward Movement.

Maucina Soné est un compositeur musical autodidacte né à Paris. Issu de la culture hip-hop et d’un milieu familial riche, il développe un univers sonore singulier mêlant textures cinématographiques et émotions brutes. Porté par son instinct, il refuse toute frontière de style, explorant les rythmes et les genres avec liberté pour traduire une énergie authentique. Depuis 2022, il compose la bande sonore de IN NA, une création solo en danse basée à Montréal. En 2024, il devient codirecteur de DreamBallad Agency, société française de production et diffusion qui soutient les voix émergentes à travers des créations sonores audacieuses.

Joanna Gourdin est créatrice de décors pour le théâtre, la danse et l’événementiel. Diplômée de l’École Nationale de Théâtre du Canada, elle a également étudié les arts visuels, le design d’espace et les études théâtrales à Paris. Elle a décoré Catastrophe et autres dramatiques cultes au Monument-National en 2020, fondé le collectif Les Déferlantistes à Rivière-du-Loup et collaboré avec Multicolor pour le Bal de la Reine Bridgerton en 2021. Son approche mêle sculpture, accessoires, atmosphères sensibles et poésie visuelle. Le théâtre est pour elle un tremplin sacré qui protège les rêves.

Mecdy Jean-Pierre, alias Mystic Rootz, est un chorégraphe-interprète montréalais d’origine haïtienne actif dans le milieu de la danse depuis plus de 15 ans. Spécialisé en popping et danse contemporaine, il mêle influences afro-américaines, tambour, mantras et méditation pour créer une danse ancrée, thérapeutique et profondément rythmique. Représentant du Canada à l’international, il est aussi mentor et pilier de la scène montréalaise depuis 2005. Il a collaboré avec Cirque du Soleil, Tentacle Tribe et Blueprint Dance Company, et figuré dans Step Up All In et Sur le rythme. Son style puissant mêle souffle, géométrie et philosophie du mouvement.

Artiste de la scène, scénographe et conceptrice lumière, Tiffanie Boffa utilise ses multiples ressources pour créer des espaces vivants et sensibles. Débutant dans l’univers de la danse, elle se nourrit de son expérience dans ses conceptions d’éclairage. Elle collabore avec des artistes en danse, théâtre et arts multidisciplinaires, tels que Guillermina Kerwin, Gabrielle Lessard, Jon Lachlan Stewart, Hanna Sybille Müller, Simon Renaud, La Tresse, Véronique Giasson, Marie Béland, 100Lux, la compagnie We All Fall Down et Sébastien Provencher.

Issue d’un héritage franco-algérien et franco-polonais, j’ai grandi dans un entre-deux silencieux, où l’histoire familiale restait fragmentée. Le corps est devenu mon langage, mon terrain d’enquête, là où la mémoire s’incarne au-delà des mots.

Formée par le mannequinat, j’ai d’abord vécu un corps-objet, stylisé et figé, exclu des normes. Ce solo part de cette cage du catwalk eurocentré pour s’ouvrir à une physicalité instinctive et émancipée, où le bassin prend vie, centre de mon héritage culturel.

Le popping, enraciné dans l’expérience des communautés noires américaines, est mon outil de survie et d’expression. J’y tisse mes propres tensions, mêlant contrôle et relâchement, funk et raï (gasbaray, allaoui transmises par ma famille).

Je n’illustre pas une culture unique, mais j’explore les zones floues entre mémoire, héritage, regard et appartenance.

Avec l’aide de Mecdy Jean-Pierre (regard extérieur), Spicey (mentorat dramaturgique) et Maucina Soné (musique)

2de œuvre

Tia Ashley Kushniruk (Edmonton)

Make Me Cry

Make Me Cry est un solo existentiel sur la problématisation de la performance de la race sur scène telle que perçue par l’artiste Tia Ashley Kushniruk. Que signifie être l’objet plutôt que le sujet d’un fétiche? Qu’est-ce qui arrive quand notre image publique s’infiltre dans notre vie privée? L’abstraction peut-elle appartenir aux personnes qui ne sont pas blanches? Dans cette conférence-spectacle qui mélange danse, clown, anecdote et théorie de la performance, nous sommes guidé·es à travers le champ de mines du minstrel show auquel ne peuvent échapper les artistes PANDC dont les œuvres sont prisées par un public consommateur.

30 minutes
Portrait de Tia Ashley Kushniruk, photo de Dan Torres
Tia Ashley Kushniruk
Chorégraphie et interprétation
Portrait de Philip Jonah Logan Geller, photo de Kate Dalton
Philip Jonah Logan Geller
Mise en scène
Portrait de Trent Crosby, photo d'Alexis McKeown
Trent Crosby
Conception d'éclairage
Autoportrait d'Erin Hayes
Eryn Hayes
Régie
Portrait de Claudia Kulay, photo de Mat Simpson
Claudia Kulay
Assistance à la production et surtitrage
Max Hanic
Production

Résidence NES Artist Residency (Skagaströnd, Islande)

Make Me Cry a fait l’objet d’ateliers-spectacles au Fluid Festival 2023 à Calgary et au Mile Zero Magpie Festival 2024 à Edmonton.

Tia Ashley Kushniruk est une artiste de danse queer chinoise-ukrainienne basée à ᐊᒥᐢᑿᒌᐚᐢᑲᐦᐃᑲᐣ (Amiskwacîwâskahikan) Treaty 6/Térritoire Métis d’Edmonton, AB. Elle crée des fantaisies performatives basées sur des théories d’interculturalisme et de néo-matérialisme, des futures digitaux et des mythes individuels en tissant la danse, l’art performance, le théâtre physique, le bouffon et le texte à travers les méthodologies collaboratives du théâtre de création. Elle a eu le plaisir d’interpréter des œuvres d’Anthony Hamilton (CHUNKY MOVE), Celia J. Green, Heidi Strauss (adelheid), Christopher House, Shay Kuebler (SK/Radical System Art), Rock Bottom Movement, Christianne Ullmark et Susanna Haight. Ses propres œuvres ont été présentées par Festival Internacional Nomada, le Festival international de danse de Beijing, Dancing on the Edge, Fluid Festival, Common Ground Festival, Found Fest et MileZero Dance. Elle est bénéficiaire de EATF 2023 et est mentorée par l’artiste de performance torontoise Bridget Moser. Elle a fait une maîtrise en Drame, théâtre et études de performance à l’Université de Toronto (2025).

Philip Jonah Logan Geller (iel/il) est un artiste, éducateur et chercheur d’origine juive (Ashkenazi) et michif de la Rivière Rouge qui est motivé par la décolonisation de son processus créatif à travers l’écoute et le dialogue avec des connaissances ancestrales et culturelles. Comme raconteur d’histoires, iel a travaillé à travers l’Île de la Tortue comme acteur, metteur en scène, dramaturge, producteur, clown, créateur et travailleur communautaire avec des compagnies tels que Buddies in Bad Times Theatre, Native Earth Performing Arts, Stratford Festival, Centre for Indigenous Theatre, Theatre YES et Citadel Theatre. Iel a un B.B.A. en Interprétation (University of Alberta) et un M.B.A. en Mise en scène (York University).

Trent Crosby est un artiste et facilitateur des arts basé à Edmonton qui est spécialisé dans l’activation des espaces de performance non traditionnels. Diplômé du programme de Theatre Production de Grant Macewan et du Centre des arts de Banff, Trent a passé les 15 dernières années comme concepteur d’éclairage, responsable de production, directeur technique et programmateur de spectacles.

Erin Hayes est ravie de travailler encore une fois avec Tia Kushniruk et Trent Crosby sur Make Me Cry. Elle possède un B.B.A. en Technical Theatre Stage Management de l’Université d’Alberta et est bergère professionnelle de chats depuis 2017. Erin est une habilleuse, régisseuse et administratrice des arts basée en Alberta. Elle est passionnée par la paperasse et aime soutenir les artistes à travers son travail. Quelques-uns de ses crédits: The Candidate/The Party, The Color Purple, 9 to 5: The Musical (Citadel Theatre; apprentie régisseuse), Christmas Carol, The Three Musketeers, Sound of Music, Goblin Macbeth, Legally Blonde (Citadel Theatre; habilleuse); Legally Blonde (Theatre Calgary; équipe perruques).

Claudia Kulay (elle/iel) est une scénariste, productrice et artiste multidisciplinaire francophone queer basée à Amiskwaciwaskahikan, connue par son nom colonial d’Edmonton, AB. Sa pratique artistique est centrée sur une curiosité pour des collaborations multidisciplinaires et l’utilisation de la philosophie surréaliste et le clown comme des forces centrales pour la création. Une sélection de ses œuvres: Headhole (Found Festival, 2025; Edmonton International Fringe Festival, 2023), The Hubble Space Telescope Dance (Expanse Festival, 2025; Nextfest, 2024), GOOD GRIEF (Nextfest, 2023) et happy now (New Works Festival, 2020). En 2020, sa pièce happy now a gagné le Wildfire National Playwriting Competition de Major Matt Mason Collective (Calgary).

Max Hanic est un danseur, acteur, chanteur et instructeur queer d’Amiskwaciwâskahikan. Il est diplômé avec mention du programme d’Interprétation de l’Université d’Alberta, a étudié la danse contemporaine à La Faktoria Choreographic Centre à Iruña, Euskal Herria de 2021 à 2022 et à Modus Operandi à Vancouver de 2024 à 2025. Max a reçu des bourses d’études d’EDAM (Vancouver), The Good Women Dance Collective (Edmonton) et Circuit-Est (Montréal), et s’est aussi formé à Tic Tac Art Centre (Brussels), Espacio Tiempo (Madrid) et l’intensif One Body One Career en Countertechnique (Amsterdam). Il a performé avec Edmonton Opera, Firefly Theatre and Circus, Amoris Projects, Catch the Keys Productions et dans ses propres chorégraphies. Il a aussi travaillé avec les chorégraphes Molly McDermott, Francesca Frewer, Lin Snelling, Alexis Fletcher, Minggao Zhang, Susanna Hood et Jennifer Mcleish-Lewis, entre autres. Il a créé un solo qui a été présenté à Mile Zero Dance en 2025. 

Make Me Cry est un solo que j’ai créé en réponse à l’idée d’une œuvre que je n’ai jamais vue. En 2023, j’ai vu une annonce pour la pièce make banana cry de Andrew Tay et Stephen Thompson, un défilé de mode de longue durée qui parade des stéréotypes de l’Asie de l’Est.

Ce qui m’a pris au dépourvu n’était pas le minstrelsy, mais la réalisation que c’est ça l’attente pour les artistes canadiens de l’Asie de l’Est: une reproduction d’un stéréotype agréable qui renforce et refuse avec politesse la culture blanche envahissante dans laquelle on vit. En considérant tout cela, j’ai commencé à concevoir une œuvre qui interroge les politiques de la diaspora de l’Asie de l’Est de ma propre position: classe ouvrière, queer, femme, race mixte d’Alberta.

Cette œuvre est fièrement albertaine. Incorporés dans sa moelle osseuse sont des étendues glaciales, des observations isolées, des croyances contradictoires en mode presque américaine. Make Me Cry devient inévitablement un ouroboros qui demande désespérément comment nous pourrions être compliqués et aimés alors que c’est plus facile d’être simple et vénéré.